Fabienne Radi Sol, mur, plafond, avec et sans climatisation
Images : Musée des Grenouilles, Estavayer-le-Lac (FR) / Le Petit-déjeuner de Kichka, Daniel Spoerri, 1960 / Royal Wedding, Stanley Donen, 1951 / BlackNarcissus, Michael Powell & Emeric Pressburger, 1947 / The Scarecrow, Buster Keaton & Edward F. Cline, 1920 / Zabriskie Point, Michelangelo Antonioni,1970 / Tableau-piège, Daniel Spoerri, 1972. La grenouille et le bourdon
Ce qu’il y a de bien avec les musées en été, c’est qu’ils sont souvent climatisés. Enfin, tout dépend del’importance du musée, de l’âge du bâtiment ou encore de sa position géographique. Dans les institutionssituées au-delà du 60ème parallèle nord ou au-dessus de 900 mètres d’altitude, on ne s’embarrasse pas desproblèmes relatifs à l’écart au soufflage et au taux de brassage du système de climatisation pour la bonne raisonqu’il n’y en pas. Même chose pour les institutions de taille réduite ou à rayonnement local : le Musée desGrenouilles à Estavayer-le-Lac n’offre aucun air frais et vivifiant aux visiteurs venus découvrir des batraciensnaturalisés depuis 1848 et mis en scène en train de tricher aux cartes, d’enfourner des brassées de spa-ghettis dans des gosiers écarlates ou encore de chevaucher des écureuils harnachés comme des mulets. En plein été, les touristes courageux qui ont grimpé les escaliers de la demeure gothique staviacoisepeuvent ainsi se retrouver presque aussi déshydratés que les animaux exposés en face d’eux. Disons qu’onpeut vivre l’expérience comme une projection du regardeur dans la chose regardée.
Mais dans beaucoup d’institutions d’art et d’histoire situées dans de grandes capitales au climat méditer-ranéen ou continental, en particulier les musées d’art moderne ou contemporain, l’air conditionné est unatout intéressant qui peut augmenter de manière significative le taux de fréquentation des publics enpériode caniculaire. Il permet en effet de refroidir les troupeaux de touristes assez rapidement tout en lescultivant (Tu as vu ces montres molles ? Il devait avoir aussi chaud que nous Dali quand il a peint ça… / Pas mal ceSoulages quand on enlève ses lunettes de soleil, non ?), avant que ceux-ci ne s’enfilent, deux Mondrian et troisRauschenberg plus tard, dans un de ces shopping center géant, autre lieu convoité par les foules en chaleur,
Mamco et Fabienne Radi, texte de la rubrique Chroniques du site www.mamco.ch
dont l’architecture toute en courbes harmonieuses et en teintes apaisantes propose un type de consom-mation qui se veut proche du batifolage, un peu sur le modèle des abeilles butinant de fleur en fleur pourrécolter du pollen. Sauf que très vite on se sent davantage comme une armada de bourdons se bousculantpour trouver la sortie du rucher.
De l’influence de l’hydratation corporelle sur la perception des œuvres
Durant mes dernières vacances, j’ai eu l’occasion de visiter plusieurs musées très bien équipés tant auniveau des collections que de la climatisation. Ça m’a permis d’augmenter mon capital culturel, mais ausside constater que les établissements concernés présentaient souvent les mêmes œuvres dans les mêmesdispositifs. J’ai pu voir ainsi entre juillet et août 2011 un certain nombre de tableaux-pièges de DanielSpoerri, qui voisinaient la plupart du temps avec une compression de César, une accumulation de Armanou un panneau d’affichage de Raymond Hains, Nouveau Réalisme oblige.
Je ne sais pas si c’est l’effet du taux d’hygrométrie particulier de la saison conjugué au fait de ne plus fairemomentanément la vaisselle, mais très vite je me suis sentie fatiguée devant ces assiettes arborant desrestes de rôtis dominicaux tout secs flanqués de vieilles tasses de café jaunasses et de monticules de sciureayant été, dans une vie antérieure pas si éloignée que ça, des morceaux de pain pour saucer lesdits rôtis. Alors oui bien sûr la captation de l’instant éphémère et le recyclage poétique du réel, tout à fait la volonté dedésorganisation des perceptions et de transgression des sens, absolument la dimension métaphorique et sacrée desreliques de la consommation, très bien les repas hongrois, pourquoi pas l’artiste aux fourneaux et le critique servantla soupe1… Au fait, c’est par où la cafétéria ? Ah il n’y en a pas… Un distributeur de boissons automatiquepeut-être ?
Les premiers tableaux-pièges de Spoerri ont tout juste 50 ans. Pourtant ils ont l’air plus vieux que la Jocondeet la Victoire de Samothrace réunies. Les restes de cassoulet et les cuillères en fer blanc ne vieillissent pascomme la peinture à l’huile ou le marbre de Paros (raison pour laquelle Spoerri les a d’ailleurs choisis, onest bien d’accord). C’est ce que peut constater le visiteur prosaïque et déshydraté qui multiplie les expo-sitions pour se rafraîchir les aisselles et se retrouve nez à nez avec successivement : - une table assurément hongroise (puisqu’on nous le dit), - une autre qu’on pourrait dire grecque (noyau d’olive ?), - une troisième pourquoi pas bretonne (bouteille de cidre ?), - une dernière éventuellement portugaise (arrêtes de morue ?)
Un problème qui ne se pose évidemment pas avec la Joconde et la Victoire de Samothrace, celles-ci sedécouvrant au Louvre une bonne fois pour toutes. Sans s’étendre sur le principe des séries, on peut observerque celle des tableaux-pièges de Spoerri, si l’on enchaîne les visites de musées et de galeries à un rythmetrop appuyé, peut soudain faire ressentir au spectateur l’angoisse de l’agent de nettoyage au moment dedébarrasser un chariot de plateaux-repas plein à craquer dans un restaurant Ikea un samedi après-midi. Défier les lois de la pesanteur
En fait ce qui est intéressant et qu’on ne voit plus au bout d’un moment chez Spoerri, parce qu’on estbêtement en train de se dévisser le cou pour essayer de déchiffrer l’étiquette du vin, ce qui est intéressantdonc c’est le glissement de la dimension horizontale à la verticale. Un principe très simple et toujours efficace.2. Mamco et Fabienne Radi, texte de la rubrique Chroniques du site www.mamco.ch
C’est en examinant de loin le 3ème tableau-piège de mon marathon culturel que j’ai commencé à penser àdes choses qui n’avaient rien à voir avec Pierre Restany, Yves Klein ou Jean Tinguely. Plus exactement FredAstaire m’est soudain apparu dans «The Royal Wedding», un film de Stanley Donen qui se passe à Londresau moment du mariage de la pas-encore-reine Elisabeth II d’Angleterre avec le pas-encore-prince Philippe. Autant dire il y a déjà un bail. C’est un film qui, soit dit en passant, comporte certains passages susceptiblesde remplacer aisément une boîte de Prozac (ou un flacon d’huile de millepertuis), ceci pour 9,99 euros surAmazon.
Dans la scène la plus connue du film, Fred Astaire est assis sur un fauteuil dans une chambre d’hôtel etobserve avec mélancolie la photo encadrée de sa fiancée posée sur la commode juste à côté. Il se lèvesoudain et se met à danser en tenant délicatement la photo comme une minuscule partenaire carrée ettoute plate, souriant à celle-ci d’un air considéré à tort par certains comme niais. Fred Astaire n’a l’air niaisque pour les crétins qui ne l’ont jamais vu danser. C’est là qu’il faut appuyer sur pause deux minutes pourrelever le fait suivant : par on ne sait pas quel miracle, certaines comédies musicales américaines desannées 40-50 arrivent à rester en équilibre sur la crête fragile qui sépare le cucul-la-praline du sublime,ceci sans dégringoler dans le premier. Si le système des studios hollywoodiens a produit son lot de pensumsampoulé3, il a aussi engendré des moments d’une grâce époustouflante. C’est le cas de la «Ceiling Dance»de ce «Royal Wedding» : Fred Astaire glisse sur le parquet ciré tel un balai de coton, personne ne saittélescoper souplesse et rigueur dans le même corps avec autant d’élégance, un modèle spécial de colonnevertébrale a dû lui être greffé à la naissance, soudain il saute sur un des murs, transforme ce dernier endancing floor, quelques secondes plus tard il fait de même au plafond, avant de redescendre par la paroid’en face puis de retrouver le plancher des vaches, celui que la force de gravité oblige le commun desmortels à fouler tous les jours, mais qui sous ses pieds n’est qu’une surface comme une autre pour jouer àsaute-mouton avec les canapés, les tableaux ou les lustres.
Certes, à la seule vue de son nœud papillon immaculé, on imagine mal Fred Astaire laisser son pla-teau-repas dans le même état que les tableaux-pièges de Daniel Spoerri. De toute façon il n’y a pas deplateau-repas, la femme de chambre est déjà passée. Qu’importe, ce qui nous intéresse c’est la façon donttous les deux pulvérisent les lois de la gravitation, l’un avec quelques kilos de colle à poisson4, l’autre grâceà l’aide de techniciens hollywoodiens syndiqués. La différence est une question de degrés - Spoerri basculeson œuvre à angle droit (90°) tandis qu’Astaire fait le tour entier de sa chambre (360°) -, mais égalementde cadre référentiel permettant de distinguer ce qui est fixe de ce qui est mobile, ce qui est à sa place de cequi a été déplacé.
Avec un peu de bonne volonté, on pourrait dire que tous les plans cinématographiques de tables de repaspris en plongée sont finalement des Spoerri qui s’ignorent. Le principe étant de nous obliger à regarderquelque chose d’habituellement horizontal (la table) en position verticale (l’écran). Par exemple «LeNarcisse Noir» de Michael Powell & Emeric Pressburger, film déconseillé à ceux qui souffrent de vertigepour tout un tas de bonnes raisons, possède un très beau plan en plongée sur la table dressée par desnonnes dans un couvent au cœur de l’Himalaya. Oeuvre qui fait saliver les cinéphiles depuis plus d’undemi-siècle tant chaque plan est digne d’une peinture de grand maître5, «Le Narcisse Noir» n’a probablementpas encore été envisagé sous un angle spoerrisien. En visitant cet été à Lisbonne La Collection Berardo, quipossède un tableau-piège datant de 1972 où des assiettes à soupe sont collées sur un magnifique fond bleucobalt, j’ai pourtant assez vite pensé à ce plan tourné caméra au plafond montrant les coreligionnaires deDeborah Kerr pieusement attablées devant de grands plats de salades et d’imposantes corbeilles à pain. Dans un registre plus mouvementé, le tableau me rappelait aussi la scène finale du film «Zabriskie Point»,lorsqu’on voit divers légumes, poulets, assiettes, saucissons, serviettes, paquets de corn flakes et autrescouverts de table en train de voler au ralenti dans un ciel d’azur avec les Pink Floyd en fond sonore. Dix ansaprès que Spoerri ait renversé la table, Antonioni faisait exploser la cuisine6. Logique. Mamco et Fabienne Radi, texte de la rubrique Chroniques du site www.mamco.ch What is home without a mother ?
Pour en finir avec les filiations bâtardes entre cinéma et peinture, voici un scoop7 qui ne doit rien à la montéedes Celsius dans mon cerveau mais davantage à une consommation assidue de dvd durant ce mêmeété : Buster Keaton est en fait l’inventeur du premier tableau-piège. C’est en regardant le court-métrage «TheScarecrow» réalisé par l’homme-qui-ne-rit-jamais en 1920, soit 10 ans avant que le nouveau-né DanielIsaak Feinstein5 ne pousse son premier cri en Roumanie, que j’ai inopinément fait cette découverte. Queceux qui ne me croient pas soient instantanément collés à leur chaise. Mais juste avant, qu’ils aillent faireun tour sur Youtube ou, mieux, se procurent l’intégrale des courts-métrages en 4 volumes de Buster Keatonpour en être convaincus.
Dans «The Scarecrow», Keaton habite avec son copain Fatty Arbuckle dans une maison bricolée par leurssoins et de ce fait dotée d’astuces domestiques incongrues censées simplifier leur vie de vieux célibataires. All the rooms in this house are in one room annonce l’intertitre. Le lit devient piano, le phonographe se trans-forme en cuisinière, la bibliothèque cache un garde-manger et tous les plats du repas sont suspendusau-dessus de la table par un système complexe de poulies et de contrepoids. Buster et Fatty se passent lasalière, le poivrier ou la bouteille de vin dans un ballet de ficelles aussi gracile qu’un numéro de trapèzevolant exécuté par une fratrie du Kazakhstan8. Quant au pain, il passe d’un bout de la table à l’autre dansun panier à roulettes actionné par la manivelle respective des deux convives. Mais c’est au moment de lavaisselle que surgit le Spoerri avant l’heure : le repas terminé, Buster et Fatty empoignent vigoureusementle plateau de la table pour le fixer contre le mur au-dessus de la commode, pas une assiette qui bougeni une petite cuillère qui remue, tout est solidement collé sur la nappe à fleurs : le premier tableau-piègeest né sans même que son auteur s’en rende compte. Buster saisit ensuite un pommeau de douche pouréliminer au jet les restes du repas : impossible de ne pas penser au fameux détrompe-l’œil créé par Spoerrien 1962, intitulé «La Douche», qui présente une peinture romantique des Alpes sur le cadre de laquelle ontété fixés un jeu de robinets et une douche ! Lorsqu’ils ont terminé de ranger leur foyer, les deux concubinsfont pivoter une dernière fois le plateau de la table. On peut y lire, peinte en blanc et avec application, cettephrase définitive qui aurait pu, pourquoi pas finalement, servir de titre à l’œuvre toute entière de DanielSpoerri : What is home without a mother ?
L’expérience du voyageur dans le train arrêté en gare
Dans la chaleur de la fin de l’été, avant de se résoudre à aller chercher bottes et manteaux rangés dansdes armoires en plastique au fond de la cave, on se prend à imaginer un tableau-piège qui aurait retrouvésa position horizontale originelle. Mais il s’agirait cette fois de (re)basculer de 90 degrés toute la salle d’ex-position, c’est à dire non seulement le Spoerri en question mais l’ensemble des objets contenus dans lamême pièce que lui. Un peu comme la chambre d’hôtel de «The Royal Wedding» est renversée par lesmachinistes pour que Fred Astaire puisse donner l’illusion de marcher sur les murs. On aurait du coupl’affiche de Raymond Hains scotchée au plafond et le pouce de César surgissant d’une paroi. L’idée seraitde faire éprouver une perte momentanée de repères aux spectateurs trop habitués aux Spoerri verticaux. Unpeu comme la fameuse expérience des trains voisins dans la gare, lorsque le voyageur, l’espace de deuxou trois secondes, ne sait plus si c’est son propre train ou celui d’à côté qui démarre.
Dans un coin de la salle d’exposition, des piles de couvertures en laine de chèvre angora (isolation ther-mique et légèreté maximales) seraient mises à disposition des visiteurs trop déboussolés afin qu’ilspuissent se coucher par terre et retrouver ainsi durant quelques instants leurs anciens repères. Mamco et Fabienne Radi, texte de la rubrique Chroniques du site www.mamco.ch
J’apprends en dernière minute que Daniel Spoerri a en fait réalisé ce fameux basculement de toute une salle dans l’exposition Dylaby(Dynamic Labyrinth) organisée au Stedelijk Museum d’Amsterdam en 1962. Autant pour moi. Sur une image trouvée sur internet,on voit déambuler une jeune femme et son petit garçon dans une pièce où des tableaux sont accrochés au plancher et des sculp-tures fixées au mur. Ne manque que Fred Astaire pour les accompagner. Ma proposition garde néanmoins une partie de sa validité,puisqu’elle consiste à rebasculer ce qui avait déjà été basculé (le tableau-piège), à remettre en place ce qu’on s’était habitué àvoir déplacé. Ce qui m’amène à rapporter cette anecdote qui vaut son pesant de cacahuètes et que m’a racontée un restaurateurd’art : sollicité par un collectionneur pour s’occuper d’une de ses œuvres, il a été très étonné de découvrir un tableau-piège deSpoerri posé sur une table basse dans le salon de ce dernier. Quelle que soit l’origine de ce geste, détournement délibéré ou igno-rance du concept de l’œuvre, j’aime bien penser qu’il existe quelque part entre Peney Dessous et Honolulu, un tableau-piège deSpoerri qui repose à l’horizontale.
Liens : — Fred Astaire dans The Royal Wedding, 1951 :— http://www.youtube.com/watch?v=Y8n7WQIXQDs&playnext=1&list=PLA685397A6AF78A2C— le truc de Fred pour marcher au plafond : http://www.youtube.com/watch?v=i0g3g6AvLtM&feature=related— Buster Keaton dans The Scarecrow, 1920 : http://www.youtube.com/watch?v=NSOTeYjBwWM— Les poulets qui volent dans Zabriskie Point, 1971 : http://www.youtube.com/watch?v=ResQFDDsDAI&feature=related
1 Expression utilisée lors du «Repas hongrois» organisé le 9 mars 1963 par Daniel Spoerri dans le cadre de l’exposition «723 ustensiles de cuisine»à la Galerie J à Paris reconvertie pour l’occasion en restaurant. Le repas fut servi par le critique d’art Jean-Jacques Lévêque.
2 Un principe que certains artistes comme Philippe Ramette ne se priveront pas d’exploiter. Tout comme Grasset, l’éditeur de Michel Onfray, qui autilisé les images du premier pour les couvertures de la saga du second («Contre-histoire de la philosophie», tomes 1, 2, 3, 4, 5, 6). Comme quoiexprimer qu’on est contre en montrant un type qui se balade au plafond, ça marche.
3 Selon la formule inventée par la critique de cinéma Pauline Kael, à la page 238 de ses formidables Chroniques américaines.
4 Pas du tout !, me souffle une conservatrice bien informée, Daniel Spoerri utilisait une colle à 2 composants genre Araldite. Mais je garde la colle àpoisson parce qu’elle colle mieux au texte.
6 Film culte pour les uns, objet arty et snob pour d’autres (cf. la même Pauline Kael qui l’assassine avec férocité dans ses Chroniques européennes,pp.111-118), Zabriskie Point raconte le désenchantement qui pointe dans l’Amérique du début des années 70. A la fin du film, l’héroïne imagine l’ex-plosion de la demeure de luxe de son patron, vision dans laquelle sont pulvérisés les objets symbolisant la société de consommation.
7 Scoop tout relatif : le lien entre Spoerri et Keaton a sûrement déjà été fait. Même si on ne trouve rien en googlisant «Spoerri+Keaton».
8 Le Kazakhstan est un réservoir inépuisable d’acrobates et de trapézistes on ne sait pas pourquoi. De ce fait, le pays est régulièrement visité pardes directeurs de cirque. Mamco et Fabienne Radi, texte de la rubrique Chroniques du site www.mamco.ch
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